Société en mutation, la Crète conserve toutefois des coutumes qui la distinguent nettement du reste de la Grèce.

La vendetta

Spécialité crétoise, la vendetta, aujourd'hui est extrêment rare, a eu dans le passé des effets désastreux. Cette loi non écrite, selon laquelle un crime ne peut être lavé que dans le sang, remonte à l'époque de l'occupation ottomane, ou lorsqu'un chrétien était tué par un musulman et que l'assassin n'était pas arrêté, il fallait se venger sur le premier musulman venu. Et réciproquement. Cette coutume barbare s'est prolongé avec vigueur jusqu'aux années 1960. La dernière vendetta importante remonte a 1999 : l'assassinat d'un homme accusé du viol et du meutre d'une jeune femme de Patima, près de Chania, a entraîné le départ de plusieurs centaines d'habitants de ce village. Ils craignaient pour leur vie, car tous les membres de la famille d'un criminel ou tous ceux qui portent simplement son nom sont concernés par la dette de sang. La vendetta la plus sangluante provoqua la mort de 140 personnes dans les familles Pentarakis et Sartzetakis, et obligea cette dernière à fuir à Thessalonique. Cette série de meutres ne cessa que dans les années 1980, grâce à un mariage , une des façons de faire taire le sang.... quand toute la lignée mâle n'a pas déja disparu ! Car si ce sont les mères qui entretiennent la haine en désignant les futures victimes, les femmes ne sont jamais visées directement.

Les costumes

Si les jeunes filles adoptent parfois une tenue très sexy, leurs mères, et surtout leurs grands-mères, sont nombreusesà porter l'habit noir traditionnel, et parfois même le fichu qui enveloppe entièrement le tête, comme celui des femmes turques. En revanche, la vraka, pantalon traditionnel des hommes tenu par une ceinture en tissu de 8 mètres de long, n'est plus guère portée que par de très vieux messieurs à moustache, qui ont fière allure dans leurs hautes bottes de cuir noire, un foulard en file à franges leur enserrant la tête ( la signification de ce foulard à franges, " ce sont toutes les larmes des Crétois, lors de l'occupation ottomane" ). Un gilet à poches laisse apparaitre le kioustaki, une chaîne de montre en argent qui est l'indispensable accessoire.

Kafeneion et Komboloï

Centre de la vie sociale des villages et des quartiers, le Kafeneio, équivalent de nos cafés d'autrefois, dépourvu de jeux électriques de toutes sortes, est un monde avec ses secrets et ses rites. S'il disparait du centre des villes, il a gardé dans les faubourgs et les villages son décor fait de photos ou d'affiches jaunies recouvrant des murs défraichis. A l'intérieur, les chaises cannées et les tables bancales sont invariablement orientéés vers l'exterieur ou en direction du comptoir selon les heures. Le Kafeneio, lieu de parole, est un endroit habité à toute heure du jour. Les actifs du matin, venus y boire un café avant le travail, sont bien vite remplacés par les retraités et les chomeurs qui entament d'interminables parties de cartes ou de tàvli.

Quelques exclamations fusent de temps en temps. Les conversations peuvent se terminer fort tard dans la soirée, car on revient parfois au Kafeneio après diner.

L'étranger hésite souvent à pénétrer dans cette micro-société conviviale et virile (l'endroit est , par tradition, réservés aux hommes). C'est dommage, car il y est l'objet de toutes les curiosités, au bon sens du terme, et il se trouve toujours quelqu'un parlant anglais ou français, pour l'intégrer au groupe.

Le portrait serait incomplet sans le komboloï, sorte de chapelet d'origine orientale que chacun égraine à son rythme. Il n'a pas de signification religieuse, même si, pour certains, sa manipulation facilite la méditation. Pour d'autres, il éloignent le mauvais oeil.

Le périptero

Le kiosque inséparable du paysage urbain est une institution en Grèce comme dans l'ensemble des Balkans. Il vend de tout , des journaux et des cigarettes bien sur, mais aussi toutes sortes de confiseries, des gateaux secs et des chips, ainsi qu'un choix ahurissant de glaces. Certains ont allure de véritables supérettes. En plus des articles déjà énumérés, ils proposent des mouchoirs en papier, des livres, des lunettes de soleil, des timbres, des préservatifs, des pellicules photographiques, des cierges ou du shampoing. La plupart, du fait de la concurrence, se spécialisent dans un domaine. Tenus à tour de role par toute la famille, les kiosques ferment tard dans la soirée et restent ouverts le dimanche.